BHV4-MORTELLARO : ASSOCIATION DE MALFAITEURS
L'herpès virus BHV4, proche de l'IBR mais souvent considéré comme inoffensif, semble favoriser la virulence de la Mortellaro.
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LES ÉVÉNEMENTS ONT DÉBUTÉ EN AOÛT avec pas moins de cinq avortements en deux mois dans ce cheptel de 70 vaches. Dans un premier temps, les analyses sanguines n'ont pas permis de conclure à une cause classique : fièvre Q, chlamydiose, néosporose, ehrlichiose, BVD et brucellose évidemment. Mais un cas survenu dans une commune voisine a incité à rechercher des signes d'infection par le BHV4 (herpès virus bovin de type 4), lointain cousin de l'IBR. Une forte prévalence de vaches ayant des anticorps est alors mise en évidence, mais l'effet de ce virus reste difficile à prouver. L'hypothèse reste en suspens... Arrive le mois de décembre, avec plusieurs vaches taries qui se mettent à boiter de façon marquée. Le pied soulevé de l'une des boiteuses montre des lésions de nécrose et d'ulcération de la peau au niveau du talon très larges et nauséabondes, que l'on pourrait nommer Mortellaro étendue. Une deuxième vache ayant une boiterie peu marquée a été un peu négligée pendant les fêtes de fin d'année. Mais un nouvel examen des pieds dans les premiers jours de janvier révèle une plaie suppurée, profonde et ulcérée. Puis la même lésion est observée sur une troisième vache. Plusieurs autres ont une lésion de type Mortellaro sous l'un des ergots postérieurs. Or, les traitements antibiotiques n'ont pas un effet suffisant sur la maladie, en tout cas sur les lésions profondes. Une vache est donc amputée d'un doigt pour limiter l'extension des dégâts. Par la suite, un épisode de montée de température autour de 39,6°C est observé sur plusieurs des boiteuses. Le troupeau baisse en lait, sans autre incidence sur la santé pour l'instant. Des mesures curatives et préventives contre la maladie de Mortellaro sont mises en place. Un pédiluve est installé : toutes les vaches y passent pendant trois jours puis le dispositif est renouvelé après quinze jours. Les cas graves sont soignés aux antibiotiques injectables.
LA PRÉVENTION CONTRE LES MALADIES DU PIED
Un parage fonctionnel est réalisé simultanément, mais les lésions sont assez atypiques et étendues : sur le talon et sous les ergots postérieurs. Le souvenir de l'épisode d'avortements survenus pendant l'été conduit à refaire des mesures quantitatives d'anticorps BHV4... Elles s'avèrent toutes positives, très fortement sur les vaches les plus anciennement atteintes et moins sur les autres. Il n'y a pourtant pas de facteur prédisposant évident à cette situation. Les animaux sont bien nourris. Il n'y a pas de passage de virus de la BVD et les autres catégories d'âge ne sont pas touchées.
À ce jour, la situation évolue favorablement pour la plupart des vaches. Deux d'entre elles devraient néanmoins être réformées et une nouvelle mesure des taux d'anticorps devrait permettre de confondre définitivement l'accusé BHV4.
Ce virus, pour l'instant considéré comme inoffensif, semble se renforcer dans notre secteur et avoir le pouvoir de s'associer à d'autres agents pathogènes pour créer des dégâts importants. S'agissant d'une maladie virale, aucun traitement spécifique ni préventif n'est connu. Il s'agit donc de soulager les douleurs de l'animal et les complications bactériennes systématiques qui se produisent sur la peau des pieds.
Sur les vaches atteintes par le virus BHV4, des cas de Mortellaro à un stade avancé ont été observés sur les aplombs postérieurs. © VINCENT CLAISSE (AVENIR CONSEIL ÉLEVAGE)
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